Scène 3
Une démocratie à inventer
Le prix Nobel de la paix doit célébrer une démocratie inédite à créer et non pas des démocraties européennes à copier.
Nous n'avons pas manqué de questionner la légitimité même d'une quelconque intervention des démocraties européennes. En effet, il est parfois difficile de distinguer l'"aide" d'aujourd'hui de la politique coloniale d'hier, en particulier dans le cas de la France.
La démocratie est un processus en création permanente. Il n’existe pas un modèle démocratique reproductible partout. C’est pourquoi la Tunisie invente sa propre démocratie, en composant avec sa population, son histoire, sa culture. Les avancées démocratiques, réelles, se font dans le respect des valeurs arabo-musulmanes.
La nouvelle démocratie essaye de ne pas seulement prendre en compte les articles 18, 19, 20, et 21 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, à savoir les droits politiques, mais aussi de traiter des droits économiques et sociaux. Le droit des Femmes y est un enjeu particulièrement patent, avec notamment les questions de l’avortement ou encore du voile.
LE TRAVAIL DE MEMOIRE
Bouguiba, comme Ben Ali, ont décrété que l’Histoire de la Tunisie commençait avec eux. Il faut expliquer aux Tunisiens leur histoire, et les réconcilier avec. Cela passe par la création de musées, par une éducation etc.
LE TRAVAIL DE REPARATION
La réparation (financière ou symbolique) des victimes de la dictature de Ben Ali.
LE TRAVAIL DE JUSTICE
La reconnaissance puis la punition des responsables des violations des droits de l’Homme.
LE TRAVAIL DE RESTRUCTURATION DE L'ESPACE LEGISLATIF ET INSTITUTIONNEL
Les défis sont nombreux : Il faut notamment reconstruire un système de sécurité et l’institution judiciaire. En effet, en 2013, selon Marzouki, l’état du système judiciaire est déplorable : 70% des gens en prison sont en attente de jugement et 75% des jugements ne sont pas appliqués.
L’avènement de cette nouvelle démocratie du XXIème siècle ne pourra se faire sans la longue et difficile étape de la justice transitionnelle, qui comprend quatre éléments, selon Moncef Marzouki (Invention d’une démocratie).
Enfin, l’avènement d’une démocratie pérenne en Tunisie ne peut se faire sans détruire la corruption...
Passée :
Beaucoup de têtes et de politiciens de l’ancien ont été recyclés dans les institutions de la nouvelle démocratie, alors qu’ils n’y ont aucune légitimité.
Or une loi d’amnistie, portée à l’automne 2015 par le président Béji Caïd Essebsi, prévoit de fermer les yeux sur la corruption passée en échange de réparation financière. Cette loi divise profondément la société civile, beaucoup voyant cela comme un blanchissement des ignominies passées.
Et présente :
Il y a encore un très grand travail de lutte contre la corruption à réaliser.
